Histoire d’une profession
• Le feu existe depuis la nuit des temps. Tantôt ennemi de l’homme, tantôt source de bien-être et de confort. Il exprime à la fois le bien et le mal. Dès lors, les humains cherchent à amadouer, maitriser le précieux élément. Il s’en suit de terribles incendies (feu échappant au contrôle de l’homme). Les sapeurs-pompiers sont nés de la succession de ces sinistres.
• On sait que dès l’Antiquité des gardes et des rondes de nuit sont mises en place par les Grecs et les Egyptiens. Toutefois, c’est bien la Rome antique qui offre la première organisation d’une défense incendie. En effet, le 1er empereur romain, Auguste, petit-neveu et fils adoptif de Jules César, pendant son règne de 24 avant JC et 17 après JC, réforme à la fois l’administration et l’armée. Il créé alors sept cohortes de vigiles ayant pour mission la police nocturne et les incendies.
• La prévention et la lutte contre l’incendie en France sont peu à peu organisées par le pouvoir en place et mécanisées : en 1254 Louis XI crée le Guet Bourgeois dont font partie les grandes corporations tels les maçons et les charpentiers qui remplacèrent les moines et les ribaudes d’autrefois.
• C’est au 17ème siècle que les premières pompes à incendie apparaissent, lorsque Dumouriez du Perrier en ramena un exemplaire à Louis XIV. Cela lui valut d’être nommé en 1712, Directeur général des pompes. Il dirigea, alors, un Corps de soixante hommes chargés de la lutte contre les incendies. En 1722, la compagnie des gardes-pompes était réglementée officiellement. Dès lors, les communes se lancèrent dans un programme d’achat de ces matériels et créaient, de facto, un corps de gardes-pompe (Limoges 1730, Bourges 1732, Lilles 1733, Lyon 1781…). La révolution vit l’appellation changer en gardes-pompiers qui reçurent des armes pour lutter contre les pillages à la suite d’incendies.
• Des circulaires de 1804, 1810 et 1815 invitèrent les préfets à créer un service de secours et de lutte contre l’incendie dans chaque commune, composé exclusivement de civils. C’est donc sous Napoléon Bonaparte que le corps des gardes-pompiers (formé essentiellement d’ouvriers du bâtiment) va subir ses plus grandes transformations notamment suite à l’incendie de l’Ambassade d’Autriche les 1er et 2 juillet 1810. Napoléon 1er y organisait une réception en l’honneur de son union avec l’archiduchesse Marie-Louise devant 2000 invités mondains. Le renversement d’une bougie sur une draperie provoque un départ de feu qui embrase rapidement l’ensemble du bâtiment. Plusieurs dizaines de personnes décèdent lors de cette catastrophe. L’enquête ayant établi que les ordres des gardes-pompiers avaient été exécutés imparfaitement, l’empereur licencie le Corps pour confier la protection des incendies à une compagnie spéciale appartenant au génie de la garde impériale. C’est de ce rattachement au génie que les gardes-pompiers deviennent des sapeurs-pompiers (saper : creuser une sape sous un mur était une des missions principale de l’armée du génie).
• En 1871, un an après la défaite de Sedan (Abdication de Napoléon III) et la naissance de la IIIème République, la dissolution de la garde Nationale entraine une réorganisation de l’ensemble des Corps de sapeurs-pompiers soumettant les mêmes règles pour les sapeurs-pompiers, qu’ils soient professionnels ou bénévoles.
• En 1938, l’incendie des grandes galeries de Marseille causa le décès de 72 personnes. Edouard Daladier, alors Président du Conseil, était sur les lieux du drame et s’offusqua de s’apercevoir que les sapeurs-pompiers n’eurent point de commandant digne de ce nom. Cette nouvelle débandade engendra la création du Bataillon des marins pompiers de Marseille.
• Malheureusement, de grandes catastrophes ont fait progressé les missions des sapeurs-pompiers : Feyzin, Seveso, Los Alfaques, Three Miles Island, Tchernobyl, Mexico etc… Après les incendies, le secours à personnes, les soldats du feu sont engagés sur des opérations mêlant risques technologiques, naturels obligeant une structure et organisation dans des domaines larges tels le sauvetage et déblaiement, la radiologie, la chimie, le Groupe de Reconnaissance et d’Intervention en Milieux Périlleux (GRIMP), la plongée, la prévention en passant par le secours en montagne et autres canyons.
• On déplore un essor exponentiel du nombre d’interventions annuel même si la répartition est en défaveur de la mission première d’extinction des incendies grâce à la prévention, à une prise de conscience de la population et aux nouveaux matériaux utilisés dans les bâtiments. Les statistiques sur la part des interventions des Sapeurs-Pompiers de la Direction Générale de la Sécurité Civile et de la Gestion des Crises de 2011 illustrent bien cette réalité :
– incendies : 7%
– accidents de la circulation : 7%
– secours à victime – aide à la personne : 73%
– risques technologiques : 1%
– opérations diverses : 12%
• C’est en 1982, avec la loi de décentralisation de Gaston Deferre, que les premiers textes régissant le statut des sapeurs-pompiers professionnels sont publiés. Les droits et obligations des fonctionnaires (1983), la loi relative aux fonctionnaires de la Fonction Publique Territoriale (1984) et les décrets d’application pour les sapeurs-pompiers (1990) naissent. La décentralisation de 1996 (l’organisation n’est plus communale mais relève désormais du Conseil départemental, pour une mutualisation des moyens) permet aux Services Départementaux d’Incendie et de Secours (SDIS) de se doter de matériels et personnels. Le même jour, est promulguée la loi sur le développement du volontariat donnant l’ébauche d’un statut pour les Sapeurs-Pompiers Volontaires.
• La loi du 13 août 2004 confirme la place, le rôle et les missions de la sécurité civile en France. Il reste à espérer que l’Union européenne qui sait trouver des accords économiques et militaires saura construire une sécurité civile commune dans un avenir proche.
• Les soldats du feu sont devenus au fil du temps, des personnages incontournables de la société moderne. Même si l’esprit, les mentalités, les missions, l’organisation ont considérablement évolué depuis 50 ans, le SNSPP-PATS accompagne ces évolutions depuis 35 ans.
• Pour comprendre les enjeux pour la profession aujourd’hui, rendez-vous sur la rubrique Actualités.