LA NEWSLETTER DU SNSPP-PATS DU 5 SEPTEMBRE 2024
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En 2012, les accidents de la route ont coûté la vie à 28 000 personnes et fait 1.5 millions de blessés dans l’Union Européenne. Sur proposition de la Commission européenne, le Parlement européen a adopté en 2014 l’installation d’un dispositif d’appel des services d’urgence automatique sur les voitures et utilitaires légers de l’Union Européenne.
L’eCall est un système de téléphonie intégré aux véhicules qui, en cas d’accident, contactera automatiquement le numé-ro d’urgence européen (112). La plateforme du « 112 » redi-rigera alors l’appel vers le centre de secours le plus proche de la collision. Le système eCall enverra automatiquement des données (localisation et type de véhicule) et établira un contact vocal entre les accidentés et le centre de secours. Son activation sera automatique (en cas de choc, à l’instar du déclenche-ment des airbags) ou bien manuelle (si un témoin souhaite alerter les secours). La Commission veut que l’eCall soit un service public béné-ficiant à tous les citoyens européens. Ce doit donc être un équipement entièrement gratuit, bien qu’on estime que son coût avoisinera les 100€ par installation.
Le système eCall devra être intégré à tous les véhicules légers et utilitaires légers neufs vendus dans l’Union à partir du 1er octobre 2015. Le Parlement prévoit néanmoins un report de ce délai qui semble extrêmement court au vu du manque de publicité.
Aujourd’hui, la Commission a choisi un prestataire pour dé-velopper l’eCall, Qualcomm Solution. Dans tous les cas, les communications téléphoniques de l’eCall emprunteront les réseaux nationaux de téléphonie, et la plateforme 112 devra être renforcée pour faire face à un nombre accru d’appels.
Le système eCall concernera les 28 membres de l’Union ainsi que certains membres de l’Association Européenne de Libre Echange (AELE) tels que l’Islande, la Suisse et la Norvège. Mais les 28 ne se sont pas engagés de manière égale dans la mise en œuvre de l’eCall. Aujourd’hui, 15 ont déjà trouvé un accord commun pour sa mise en œuvre: Autriche, Chypre, République Tchèque, Estonie, Finlande, Allemagne, Grèce, Italie, Lituanie, Portugal, Slovaquie, Slovénie, Espagne, Pays-Bas et Suède.
Sept autres Etats ont témoigné de leur soutien et de leur vo-lonté de signer l’accord commun : Belgique, Bulgarie, Hon-grie, Irlande, Luxembourg, Roumanie et Pologne.
La première des conséquences pour les agents européens est que les Centres de Secours devront disposer de personnel capable de répondre aux appels d’urgence en anglais. En effet, l’eCall doit permettre aux citoyens européens d’être secourus dans les plus brefs délais quelque soit l’Etat-membre dans lequel ils circulent.
Le deuxième impact sera celui sur le marché. En effet, l’Union européenne compte 500 millions de consommateurs, et pas moins de 230 millions de véhicules et 3 millions de camions en circulation. Si l’équipement des véhicules déjà existant n’est pas prévu à ce jour, en revanche, tous les constructeurs automobiles souhaitant pénétrer le marché devront intégrer l’eCall à leurs modèles à destination de l’Union. On imagine aisément le coût que cet investissement représentera, et on peut légitimement s’inquiéter d’une potentielle répercussion sur les coûts des véhicules.
Le système eCall permettra de rendre plus sûres les routes d’Europe puisqu’il permettra la signalisation systématique des véhicules accidentés, même si ses occupants sont dans l’incapacité de parler ou de se localiser.
Il pourra également réduire les délais d’intervention et l’on sait que plus les délais sont courts, plus les vies sont sauves et la gravité des blessures moindre.
Enfin, l’envoi immédiat par eCall du type de véhicule permettra aux secours d’envisager dès le départ en interven-tion l’éventuel type de désincarcération à effectuer. En effet, on sait que 40% des désincarcérations durent moins de 50 minutes si le véhicule a été construit entre 1990 et 1992, alors que ce taux tombe à 20% si le véhicule a été créé entre 2005 et 2007 (1).
Outre le risque d’augmentation du coût du véhicule, l’eCall pourrait être vu comme un « mouchard » capable d’enregistrer toutes les données liées à la circulation du véhicule, mais également à la conduite de son propriétaire. On pourrait ainsi craindre la remontée de ces informations auprès des assureurs qui sauraient alors si le véhicule était en dépassement de vitesse ou pourraient facturer au kilomètre parcouru.
Pour contrer cet argument, la Commis-sion et le Parlement assurent avoir pris les dispositions nécessaires à la protec-tion de la vie privée, et expliquent que l’eCall est un système « dormant » : il ne se déclenche qu’en cas de choc ou d’acti-vation manuelle.
L’eCall pourrait permettre un raccour-cissement des délais d’intervention et un secours plus efficace des victimes. Néanmoins, avant qu’il ne soit opéra-tionnel sur tout le territoire européen, de nombreuses adaptations sont néces-saires de le part de l’Union comme des Etats-membres, ainsi qu’une large cam-pagne de publicité pour que les citoyens découvrent un dispositif qui leur est avant tout destiné. Il est d’autant plus pressé d’informer les automobilistes qu’une deuxième version de l’eCall est déjà à l’étude. Cette fois, réservée aux deux-roues.