Nos actualités

Copernicus : surveiller la Terre pour mieux secourir

Actualités Internationales
29 juin 2015

Les catastrophes naturelles ou technologiques peuvent toucher durement et à tout moment les populations du monde entier. Face à ces situations, les services d’urgence et plus particulièrement les sapeurs-pompiers sont en première ligne. Pour secourir, de plus en plus d’outils technologiques d’évaluation, d’information sont à notre disposition. A la pointe de cette évolution, le programme Européen d’observation de la terre, Copernicus, qui fournit des informations géo-spatiale.

Copernicus : surveiller la Terre pour mieux secourir

Le Parlement européen a adopté en 2014 Copernicus, le programme européen d’observation de la Terre

En 2014, la Commission européenne saluait l’adoption par le Parlement européen du règlement Copernicus. Il s’agit d’un programme spatial européen qui assure l’observation et la surveillance constante des sous-systèmes terrestres, de l’atmosphère, des océans et des continents. Il constitue également une source d’informations fiables, validées et garanties qui sert à la prise des décisions les plus diverses et à la conception d’applications variées en matière d’environnement et de sécurité.
Le vote du Parlement a marqué le franchissement d’une étape déterminante pour Copernicus. En effet, l’adoption de ce règlement pose les jalons d’un développement continu du programme, celui-ci étant doté d’un budget de quelque 4,3 milliards d’euros pour la période 2014-2020.

Copernicus : surveiller la Terre pour mieux secourir
Le satellite Sentinel 1A.

Qu’est-ce que Copernicus ?

Copernicus (http://copernicus.eu/) est le nom d’un « programme européen de surveillance de la Terre ». Ce programme était auparavant nommé Global Monitoring for Environment and Security (GMES).
Cette initiative conjointe de l’Agence Spatiale Européenne (ESA) et de l’Union européenne vise à doter l’Europe d’une capacité opérationnelle et autonome d’observation de la Terre en tant que « Services d’Intérêt Général Européen, à accès libre plein et entier ». Les décideurs politiques font partie des principaux utilisateurs du programme Copernicus qui leur permet de préparer les législations nationales, européennes et internationales relatives à l’environnement (y compris celles sur le changement climatique et le droit international de la mer) et de vérifier la bonne application de ces législations.

    Copernicus s’appuie :

  • • la composante spatiale (constituée de satellites d’observation du sol, des océans et de l’atmosphère),
  • • la composante in-situ (constituée d’instruments de mesure au sol ou aériens mesurant des paramètres relatifs à l’état des océans, du sol et de l’atmosphère),
  • • la composante normalisation et harmonisation des données,
  • • la composante des services à l’utilisateur.

Domaines couverts par Copernicus, urgence et sécurité civile

Les domaines couverts sont vastes et évolueront en fonction des possibilités satellitaires : évolution des teneurs atmosphériques en aérosols et gaz à effet de serre, couche d’ozone, taux d’ultraviolet, climatologie, prévisions de l’état de la mer, sécurité maritime, suivi du trafic maritime et de certaines pollutions marines (marées noires, dégazages…), mesure, contrôle et gestion du développement urbain (urbanisation, périurbanisation…), montée du niveau des océans, sécurité et surveillance des frontières, lutte contre les trafics (par exemple de bois, de drogue…) et contre la piraterie en mer, surveillance de zones (marines notamment) isolées ou provisoirement isolées, disponibilité ou surexploitation de ressources naturelles.
Plusieurs domaines sont liées à l’urgence : l’alerte aux aléas climatiques et catastrophes naturelles (tempêtes, inondations, sécheresse, fortes pluies, tremblements de terre, tsunamis, connaissance et suivi des inondations et des feux de forêt pour leur meilleure gestion…), la surveillance de l’environnement, des forêts, de la déforestation et de leurs conséquences, anticipation, alerte et gestion de catastrophes humanitaires (déplacements de population, migration humaine, camps de réfugiés, séquelles des guerres…), sécurité civile, organisation des secours.

Le portail « service de management d’urgence – cartographie »

Le site internet (http://emergency.copernicus.eu) du « service de management d’urgence – cartographie » délivrent des produits cartographiés d’urgence. Il est possible de suivre son activité sur le compte twitter (http://www.twitter.com/copernicusems). Les utilisateurs du service sont les entités et organisations au niveau régional, national et international qui sont actifs dans le domaine de la gestion de crise. Cela concerne les états membres de l’UE, le pays participant au mécanisme européen de sécurité civile (voir l’article du Pleins Feux mars 2013), les Directions Générales de la Commission Européenne et les agences de l’UE, le service actions extérieur de l’UE et les organisations humanitaires.
Les utilisateurs autorisés qui doivent faire la demande d’activation du service en passant par le Centre de Coordination des Interventions d’Urgence (ERCC, European Response Coordination Centre, voir l’article du Pleins Feux de décembre 2013). Pour la France, la demande se fait via le Centre Opérationnel de Gestion Interministérielle des Crises (COGIC) et de la Direction Générale de la Sécurité Civile et de la Gestion des Crises (DGSCGC) au ministère de l’Intérieur. Les produits: cartographie, cartographie rapide, cartographie des risques et rétablissement.

Copernicus : surveiller la Terre pour mieux secourir
Les images satellites prisent par Sentinel 1-A : la vallée de l’Ebre (Espagne) avant les inondations du 27 février 2015.

Copernicus : surveiller la Terre pour mieux secourir
Les images satellites prisent par Sentinel 1-A : la vallée de l’Ebre (Espagne) pendant les inondations du 27 février 2015

Suivi des feux de forêt et évaluation des surfaces brulées, suivi des inondations

Au mois de février 2015, en Espagne le centre de coordination des urgences, Centro de Coordinacion Operativa (CECOP) de la Direccion General de Proteccion Civil y Emergencias demande l’activation de Copernicus Emergency Management Service (EMS) pour des inondations dans le bassin de la rivière Ebro. En août 2014 en Suède, un important feu de forêt s’est déclaré. Le centre de coordination des urgences, Swedish Civil Contingencies Agency (MSB), demande alors l’activation de Copernicus EMS. Le feu est alors hors de contrôle dans la région entre Hallstahammar et Sala et couvre, au moment de la sollicitation, une superficie de 1000 à 1500 hectares.
Le brasier brulait en effet depuis plusieurs jours et les conditions s’aggravait. Au total, pas moins de 10 802 hectares de forêt ont été dévastés. A l’occasion de cet incendie et dans le cadre du mécanisme européen de sécurité civile, la France avait envoyé en renfort deux canadairs de la sécurité civile et un officier de sapeur-pompier professionnel de liaison.

Accès garanti pour la France aux données des Sentinels

Alors que le second satellite Sentinel dédié au programme Copernicus sera lancé dans quelques mois seulement, l’Agence Spatiale Européenne (ESA) et l’Agence Spatiale Française (CNES) ont signé un accord de collaboration sur la gestion et l’accès aux données de Sentinel. La famille de satellites Sentinel est en cours de développement et vise à répondre aux besoins opérationnels du programme européen Copernicus de surveillance de l’environnement. Le premier satellite de la flotte, Sentinel-1A, est en orbite depuis un peu moins d’un an, tandis que le lancement du prochain, Sentinel-2A, est prévu pour le mois de juin.
Les données obtenues par les missions d’observation de la Terre sont libres d’accès pour les Services Copernicus, ainsi que pour des utilisateurs scientifiques ou autres. Lors d’un événement qui s’est tenu au siège de l’ESA à Paris, la France et l’ESA ont signé un Accord de coopération portant sur le segment sol collaboratif des Sentinel, qui vise à faciliter l’exploitation des données reçues par Sentinel dans le pays. Dans le cadre de cet accord, le CNES va installer à Toulouse un «site miroir national» pour héberger et distribuer les données de Sentinel. C’est ce site qui assurera l’accès et la distribution des données dans le cadre de services environnementaux et d’informations à valeur ajoutée. En outre, les données radar de la mission Sentinel-1 seront reçues par la station sol française Vigisat de Brest dans le cadre de l’initiative CleanSeaNet de l’Agence européenne pour la sécurité maritime (European Maritime Safety Agency EMSA).

Copernicus : surveiller la Terre pour mieux secourir
Les images satellites prisent par Sentinel 1-A lors des feux de forêt du 31 juillet 2014 à Vastmanland, en Suède.

Les productions cartographiques Copernicus peuvent constituer une véritable plus-value durant les différentes phases d’opérations ou de crises. Elles peuvent être un appui aux décisions stratégiques, tactiques, opérationnelles. Elles apportent un meilleur partage de l’information en lien avec les Système d’Information Géographique, en interaction possible avec les Medias Sociaux en Gestion d’Urgence (MSGU), et in fine, favorisent une plus grande interopérabilité. Les Services d’Incendie et de Secours et les sapeurs-pompiers, ont un véritable intérêt à s’appuyer sur Copernicus pour améliorer leur vision de l’opération et leur intervention sur le terrain.
Les 12 et 13 mai 2015, s’est déroulé le Forum des Utilisateurs Copernicus à Prague, dans le but d’échanger les expériences de chacun quant à l’utilisation de ce nouveau dispositif afin de favoriser son expansion. Avant cela, un évènement majeur concernant la sécurité civile européenne s’est tenu les 6 et 7 mai 2015 à Bruxelles, le 5ème Forum Européen de la Protection civile. Le compterendu à suivre dans le prochain Pleins Feux !

Stéphane POYAU