Halte aux feux de forêt ! (MAJ)
En matière de feu de forêt, il faut savoir rester humble et mettre toutes les chances de son côté
• Le feu de forêt qui s’est déclenché jeudi 16 août 2012 à Lacanau (Gironde) est l’exemple typique de la gestion hasardeuse en Aquitaine, en France voire en Europe des moyens aériens de lutte contre les incendies forestiers.
Constat
• Si l’action des hommes sur le terrain et dans les airs a été exemplaire, révélant une fois encore, leur professionnalisme et leur dévouement que nous saluons, en revanche, que dire des déclarations intempestives des différentes autorités, qui se sont empressées d’essayer d’éteindre les débuts de polémique médiatique en plein cœur de l’été !
• Car, oui, en effet, le Ministère de l’Intérieur, la Préfecture de la Gironde et le SDIS de la Gironde ne peuvent pas ignorer que ces 650 hectares partis en fumée auraient pu être évités si les moyens aériens de type Canadair avaient été pré-positionnés à Mérignac avant le départ du feu.
D’autre part, on est en droit de se demander où était le Dash 8, ce 16 août 2012 vers midi, alors qu’il serait arrivé sur zone près de deux heures après le départ du feu, bien qu’il ait été annoncé que le Dash 8 serait pré-positionné à Mérignac dans de telles conditions météorologiques ?
Démonstration
• Le départ du feu dans le même créneau de temps à Mimizan (Landes) a pu être attaqué massivement par un décrochage de ces Canadairs, sans oublier les départs de feu à Belin-Beliet et à Saint-Savin (Gironde). N’importe quel sapeur-pompier sait que c’est en attaquant vite et fort un feu de forêt qu’on peut le maîtriser.
• Or, le Préfet de la Gironde en présence du Directeur du SDIS de la Gironde déclare à la presse que les Canadairs auraient été inutiles pour empêcher le feu de prospérer à Lacanau, alors que, quelques secondes plus tard, il s’empresse de se féliciter de l’arrêt de la progression du feu à Mimizan grâce à l’intervention massive des Canadairs… deux poids, deux mesures ! Etonnant, non ?
• Pourtant, depuis près d’une semaine, les conditions météorologiques étaient identiques : canicule annoncée dans le Sud-Ouest (vigilance jaune puis orange, risque sévère dans les Landes, risque comparable dans les massifs girondins), vents changeants, et évidemment aucun pré-positionnement de ces avions en Gironde, qui, au final, ont mis près de quatre heures après le départ de feu, pour commencer leurs largages salvateurs. Le département des Landes via son SDIS était déjà classé en risque sévère.
Résultat
• 650 hectares partis en fumée qui auraient pu être évités avec des moyens aériens adaptés dès le départ de feu, des soldats du feu blessés, des propriétaires forestiers et sylviculteurs qui en sont pour leurs frais, eux qui venaient quelques années auparavant de replanter suite aux tempêtes précédentes, et un drame environnemental pour le territoire médocain.
Solutions
• Comme le demande tous les ans le SNSPP-PATS :
– Pré-positionner deux Canadairs pour la région Sud-Ouest, comme cela a pu être fait pour les étés 2009, 2010, 2011.
– Renforcer les moyens aériens de lutte contre les feux de forêt, en permettant, d’une part, de maintenir les avions en état de fonctionnement (au lieu d’envisager de cannibaliser certains pour en faire fonctionner d’autres), et, d’autre part, d’accroitre les investissements pour renouveler la flotte. Depuis vingt ans, nous portons un projet de flotte européenne de sécurité civile, complémentaire aux moyens nationaux, et qui pourrait intervenir en Europe du Sud principalement concernée. Ce projet ficelé (dénommé « Affleubodei » pour Analyse de la Faisabilité d’une Flotte Européenne de Bombardiers d’Eau, projet qui date de 1993, réalisé par l’Entente interdépartementale en vue de la protection de la forêt contre les incendies) n’attend plus qu’une prise en charge communautaire. La France y a un rôle moteur à jouer !
En guise de conclusion…
• Seulement, il semble bien qu’il faille laisser brûler 650 hectares et mettre en danger population, soldats du feu et milieu naturel, plutôt que de porter une ambition et un élan pour l’Europe toute entière. Une Europe de la sécurité civile doit voir le jour, les catastrophes n’ont pas de frontières et une mutualisation des moyens doit rendre les projets économiquement viables.
• Bien malheureusement, et quel que soient les frontières, les feux de forêt, eux, n’attendent pas…
• Consultez à ce sujet la question orale du député Yves Foulon (33), qui interroge le Ministre de l’Intérieur Manuel Valls sur la concentration des moyens aériens de Sécurité Civile dans le Sud-Est de la France, au détriment du Sud-Ouest.
Image : © Kari Greer / Gila National Forest -
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