59 Actualités départementales
Déclaration liminaire au Conseil d’administration du SDIS 59
4 novembre 2020
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Au nom de l’ensemble des officiers du SDIS 59 nous tenons à saluer les membres élus du conseil d’administration: les représentants du département, des établissements publics de coopération intercommunale, des communes, les représentants des agents du SDIS.
Nous saluons également les membres non élus: monsieur le préfet, monsieur le trésorier payeur, monsieur le président de l’Union départementale, monsieur le directeur départemental.
Nous déplorons de ne pouvoir saluer le médecin-chef, le SDIS ayant décidé depuis deux ans de fonctionner sans ce membre de la direction.
Nous sommes élus dans cette instance qui ambitionne de représenter l’ensemble des acteurs de notre établissement public. En ce qui nous concerne cette responsabilité nous oblige
Elle nous oblige quant à la méthode et quant au fond comme nous vous l’avons indiqué lors de la séance d’installation de ce conseil le 20 octobre dernier
Sur la méthode:
En préambule nous observons que cette assemblée démocratique se réunit toujours à huis-clos. Nous pensons qu’une des premières actions de cette assemblée pourrait être de lever cela
Nous entendons pouvoir travailler selon les valeurs qui nous animent et qui ont placé le SNSPP-PATS du Nord en première position lors du récent scrutin professionnel tant chez les officiers de sapeurs-pompiers professionnels que volontaires. J’en profite pour présenter à cette assemblée les excuses de nos représentants volontaires retenus pour des obligations professionnelles en ces temps de COVID
Nos convictions, partagées par notre réseau national qui les porte jusque dans les instances nationales, européennes et internationales sont:
Demeurer apolitique, intègre et neutre
Conserver une approche non catégorielle des métiers du secours d’urgence
Défendre la profession en tant que service public utile à chacun
Revendiquer pour construire en privilégiant le dialogue
Assumer notre liberté et notre indépendance
Nous ne trouvons rien dans ce qui nous anime qui ne soit différent des valeurs affichées par le SDIS du Nord: la qualité de service, le devoir, le professionnalisme, le respect ,la cohésion et enfin l’exemplarité .
Nous ajoutons à cela un préalable indispensable qui est la confiance.
Comme nous vous l’avons dit lors du dernier CA, sur la méthode le compte n’y est pas.
Discuter, échanger, proposer à la direction ce n’est pas s’y opposer c’est construire ensemble.
Pour la mémoire de chacun d’entre nous je vous rappelle que notre constitution considère comme un principe particulièrement nécessaire à notre temps le point suivant:
« Tout travailleur participe, par l’intermédiaire de ses délégués, à la détermination collective des conditions de travail ainsi qu’à la gestion des entreprises. »
Nous demandons en conséquence à être de véritables partenaires pour la gestion de notre service public. La seule consultation formelle des instances ne suffit pas à rendre effectif un véritable dialogue social.
Les agents du SDIS perçoivent que le dialogue n’y est pas, n’y est plus. Nous constatons que se développe un sentiment de plus en plus affirmé qui assimile la stratégie de la direction à un jeu d’acteur et cela entre en contradiction avec les valeurs affichées par le SDIS. Ces valeurs pourtant, la plupart des sapeurs-pompiers et des PATS du SDIS les partagent et les portent haut. Qu’ils en soient ici remerciés.
Pour le dire différemment, le comportement de la direction et de la présidence du SDIS ne semblent pas congruents avec leurs actes. Cela nuit à la confiance.
Toujours optimistes, nous refusons de croire qu’il puisse s’agir d’une stratégie délibérée mais nous avons quelques illustrations à vous apporter.
➡️ Hier était convoqué un Comité Technique Exceptionnel dont l’ordre du jour comportait 3 points
Un bilan opérationnel COVID
Les lignes de gestion opérationnelles en mode dégradé
Une information sur la possibilité de déroger au temps de travail des SPP compte tenu du contexte sanitaire
Aucun document n’a été fourni préalablement à cette séance alors qu’il s’agit d’une séance exceptionnelle à la demande de l’administration. Cela ne permet pas à l’évidence un travail sérieux Comment les administrateurs ici présents pourraient-ils cautionner ces pratiques ?
Ces 3 sujets sont par essence , puisque présentés au CT, importants pour notre établissement public , mais aussi pour l’ensemble des personnels du SDIS.
Le 1er sujet sur le Retex Covid ,permet sans doute de mettre ne lumière l’abnégation et le sens du service qu’ont su démontrer les SPP les SPV et PATS du SDIS dans ce contexte anxiogène et méconnu.Il doit sans doute aussi figer l’ensemble de bonnes pratiques appliquées, mais aussi les axes d’améliorations que nous aura sans doute enseigné cette crise hors de tout nos repères, afin de mieux nous préparer à la future 2ème vague…
Sans doute cela devait s’y trouver , car nous n’avons pas eu le plaisir d’en connaître le contenu de même que pour le point N°2 concernant les lignes de gestion opérationelle en mode dégradé
Et enfin, une dérogation au temps de travail, sujet ô combien sensible, qui finalement ajouté aux 2 précédents, sont considérés par le SDIS, comme pouvant être découverts sur table le jour du CT, analysés instantanément, débattus sur le fond et la forme, et soumis au vote ; cela à la fois par les représentants des personnels , mais aussi par les administrateurs du SDIS qui y siègent…..
Quel sentiment croyez-vous que ce que je viens de vous décrire , procure aux personnels du SDIS…..
➡️ Sur l’organisation opérationnelle du service de santé : six groupes de travail entre le SDIS et le SAMU ont été créés en pour étudier nos pratiques opérationnelles communes. Les conclusions de ces groupes de travail installés en 2019 sont toujours attendues mais les décisions structurelles semblent déjà prises comme par exemple le déplacement du VLI DOUAI à Orchies ou la mise à disposition de l’INFIRMIER CODIS auprès du SAMU. Ces décisions prises sans considération des hommes et des femmes qui composent le SSSM nuit a leur engagement de volontaire à leur motivation et accessoirement à la féminisation du SDIS.
➡️ Sur les médailles et décorations. La dernière promotion de la médaille de la sécurité intérieure ne comportait que des proches de la direction, le Médecin-colonel Meurisse désigné au comité de direction, le lieutenant Leclercq, président des JSP du Nord et le Colonel Capart qui a quitté notre Sdis il y a de nombreux mois. D’autres personnes font un travail remarquable, souvent dans l’ombre et mériteraient autant que ces collègues une reconnaissance. Demander une reconnaissance pour un agent est un message. Celui qui est passé est bien mal reçu.
Ces illustrations sont loin d’être exhaustives et nous nous tenons à la disposition de chaque administrateur qui voudrait disposer d’éléments complémentaires.
Sur le fond.
Nous considérons qu’il y a urgence à restaurer l’envie de devenir ou de rester sapeur-pompier ou PATS dans le Nord.
De nombreux officiers nous ont quitté, parfois de très brillants. Certains ne peuvent le faire pour des raisons personnelles, et ce contexte si particulier , délite leur engagement dans leur travail . Force est de constater que notre Service de Secours d’Urgence n’est plus attractif.
Il n’attire plus les officiers, il n’attire plus les jeunes qui voient leur rémunération différer en IAT de leurs collègues pour le même travail accompli. La question des effectifs semble inabordable. On se cantonne à proclamer un nombre de pompiers et de PATS comme un totem intouchable. C’est nier que le travail ne peut pas être accompli sereinement et que parfois aussi il faut le dire on joue avec la sécurité des personnels. Nous affirmons ici que nous sommes opposés au VSAV à 2 ou au Fourgon à 4.
Le SDIS du Nord , n’attire plus les volontaires. Près de 400 sapeurs pompiers volontaires nous quittent chaque année , soit 10 % de l’effectif des SPV !
Il n’attire plus les personnels de santé qui venaient chez les pompiers pour « exercer autrement » et qui se retrouvent dans un service totalement désorganisé avec deux médecins responsables, que dis-je ! 3. Je vous avais alerté l’an dernier sur les risques que le SDIS fait courir sur le diplôme des infirmiers de sapeurs-pompiers. Vous ne pouvez ignorer cela.
Les officiers ne se sentent pas soutenus par leur hiérarchie. Ils sont bien sûr considérés comme responsables de ce qui ne va pas, mais en réalité ne disposent plus des leviers managériaux et du soutien qui leur permettraient de tenir pleinement leur fonction. Je tiens d’ailleurs ici à saluer leur comportement, qui reste digne et respectueux de l’autorité, mais nous constatons aussi que cela génère de la souffrance car cela est contraire aux valeurs de notre métier. Pour commander efficacement et d’une manière générale pour être fier de ce que l’on fait, il faut pouvoir donner du sens à nos actions et ce sens tend malheureusement à disparaître.
La confiance s’altère.
Enfin, peut-être faut-il donner du crédit à ceux qui pensent que tout cela relève d’une stratégie délibérée ?
On aurait déstabilisé le SDIS pour mieux le manipuler. On casse les collectifs de travail, on nie la compétence et l’expertise pour atomiser les personnels, créer de la peur et l’acceptation du toujours plus loin, du faire mieux avec moins.
N’a-t-on pas été capable de demander à ceux de nos plus hauts cadres spécialistes des ressources humaines de s’occuper du matériel et à ceux experts en marché publics de se charger des ressources humaines ?
Quand tout devient égal, rien n’est plus important.
Quand le dogme de la mobilité et du grand chamboule tout, est au dessus de la compétence…La confiance s’altère…
Enfin, oui, …. la confiance s’altère quand malgré l’avis notifié de la CADA, le SDIS refuse de communiquer un rapport relatif à la santé et à la qualité de vie en service pour lequel il semble de plus en plus probable qu’il existe un conflit d’intérêt autour d’un marché public de 30000 euros passé par le SDIS59 avec une société privée.
Elle s’altère aussi quand le SDIS via les réseaux sociaux et à une semaine de l’ouverture du scrutin professionnel indique avoir porté plainte pour diffamation publique contre une organisation syndicale sans même avoir eu le courage ni la politesse d’en informer la dite organisation.
Enfin et pour conclure.
La confiance s’altère lorsque sur la question de la prime de feu le SDIS tarde à délibérer, et joue avec les sapeurs-pompiers comme avec une balle de ping-pong pour des motifs politiques. Cela laisse des traces, cela altère encore une fois la confiance, et ne génère que de l’aigreur…
Malgré ce constat et ces ressentis négatifs des agents du SDIS envers leur direction, nous restons prêts à travailler, à échanger, à construire avec vous M.Houssin, président de cette belle structure de secours d’Urgence à la population du Nord et avec vous M. le préfet du Nord, à la seule condition de restaurer par des actes forts la confiance au sein de notre institution.
Nous tenons en dernier lieu à saluer les personnels administratifs qui permettent à cette instance de débat démocratique qu’est ce Conseil d’Administration de se tenir dans de bonnes conditions.
Au nom de l’ensemble des officiers de sapeurs-pompiers professionnels et volontaires du SDIS, je vous remercie.